17 juil. 2002

ROUTE DES ZINCS (1/3)


Choc des coupelles, crissement du percolateur, bruit de tasses empilées brouhaha d'une salle enfumée, cri des serveurs affairés,... De ce tourbillon sonore, capté du bout du comptoir d’un café parisien, est né l'idée de cette "Route des Zincs", reliant entre eux ces lieux où l’on vient à la fois se désaltérer la gorge, se vider l’esprit et se remplir le coeur.


Lieux de débauche ou de convivialité, zone de transit où l’on ne fait que passer, endroit généreux où l’on vient chercher de la solitude ou tisser du lien, les cafés sont souvent des lieux de surprise et d’inconnu, où le voyage s’invite sans crier gare au fond d’une tasse, au bord d’une table ou au détour d’un comptoir.

Dans ces “oasis de convivialité”, où la vie decide – le temps d’un café – de prendre une pause, j’ai souvent puisé le calme et la reflexion nécessaires pour affronter les interrogations d’un voyage ou… le tourbillon d’une vie quotidienne.

Du café parisien à la gargotte indienne, du salon de thé raffiné au bar improvisé, du petit vendeur ambulant à l’immense Starbucks Coffe, j’ai voulu, dans cette rubrique, rendre homage à ces lieux hors du temps, où l’on parvient enfin, le temps d’un “rêve de comptoirs”, à se reconnecter à soi.


Café Turc
Uchisar (Turquie) – Août 2006
Boire un café turc n’est pas chose facile. Il faut d’abord veiller à bien commander un “Turkish coffee” et non un simple “coffee” (qui vous condamne au nescafé ou à son equivalent turc). Il faut ensuite attendre que le marc descende lentement, très lentement au fond de la tasse. Il faut enfin, en le savourant, le boire par petites gorgées, pour éviter de se brûler mais aussi d’avaler le marc, au gout très âpre. Alors, seulement, la magie du café turc s’offre à vous : celle de la lenteur d’une dégstation où le temps n’a plus d’importance, en contemplant les mille et une scènes de rue comme une explosion de vie. Après une longue marche dans les rues d’Istanbul ou, comme ici, en Cappadoce, le café turc permet, le temps d’une dégustation, de faire infuser lentement les images de la journée.
Lire aussi mon carnet de Cappadoce...


Cérémonie du Thé
Kyoto (Japon) – Février 2004
Difficile de décrire ce qu’est véritablement une cérémonie du thé au Japon ? En ai-je vraiment vu une ou s’agissait-il d’une réplique “light” pour touriste avide d’exotisme facile ? Toujours est-il que la lenteur des mouvements, la précision des gestes, l’enchaînement des tableaux, la beauté des costumes, le raffinement de la musique et la sensation qu’aucun détail de cette chorégraphie mystérieuse n’est laissé au hasard finissent par envouter le spectateur profane, qui se laisse tranquillement transporté dans un univers étrange où les codes souterrains semblent ouvrir l’esprit à des sensations nouvelles. Assister à une cérémonie du thé, c’est se confronter à une énigme dont la solution passe par une déroute permanente… Un peu comme un voyage !
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Thé chinois
Shanghai (Chine) – Février 2007
Progressivement avalé par les tours de béton qui l’entoure, irrémédiablement infiltré par les macdo, Starbucks et autres plate-formes standardisées du monde occidental, le Vieux Shanghai disparaît tranquillement, au fil des destructions des maisons anciennes dont les habitants sont relogés dans de lointaines banlieues. Mais il est encore temps de se rendre dans ce vieux salon de thé situé au centre d’un lac, auquel on accède par des ponts de Pierre construits en zigzag géométriques. On entre alors dans un tout autre univers, vestiges d’une Chine disparue, où les boiseries patinées, les vieux objets et les tables autour desquelles semblent se nouer de mystérieux complots vous projettent dans les vapeurs d’un temps oubliés, duquel on ne voudrait plus jamais s’arracher. Le thé infuse dans la tasse transparente, pendant que l’esprit vagabonde en enpruntant l’un de ces chemins en zigzag utilize pour accéder à ce lieu hors du temps.
Lire aussi mon carnet de Shanghai...

Thé à la menthe
Alep (Syrie) – Février 2008

Partie de backgamon acharnée entre Charles Aznavour et Philippe Noiret dans les vapeurs de thé et de narguilé.








(Son : "The noise of Moscow Cafe" - D.Urubin - www.soundtransit.nl)