29 avr. 2005

UNE ILE



A peine plus de trois jours passés ici et déjà, la question se pose dans toute son acuité : fait il beau parfois à Hong-Kong ? Oh, je ne demande pas l’impossible... Juste de quoi voir le sommet des gratte-ciel quand je regarde en l’air et de quoi apercevoir la rive d’en face lorsque je contemple au loin. Ca arrive, je le reconnais, mais il faut être présent à l’instant t pour prendre la bonne « fenêtre »... Je suis monté hier au sommet du Peak, LE point de vue de la ville d’où sont prises toutes les cartes postales de HK et, oh surprise, on ne voyait même pas… le gratte-ciel censé se trouver au sommet. L’an dernier, j’avais raté le mont Fuji au Japon à cause du brouillard. Cette année, je sens que j’ai bien fait de rester 9 jours : d‘après la météo, il devrait faire beau ce WE.


Tous ces nuages ont au moins un avantage : ils amènent quelques gouttes de pluies bien agréables quand on trempe en permanence dans une moiteur torride. 25 degrés le matin, 30 en pleine après-midi... Dès que l’on pose le pied ici, cette chaleur vous enveloppe, comme une seconde peau, et ne vous sert de « costume » permanent jusqu a l’avion du retour. On a l’impression étrange d’être recouvert d’un mince film plastique collant, donnant a chaque mouvement l’impression d’être plus pesant qu’ailleurs. A Hong-Kong, la gravité n'est pas la même...


Et pourtant, quelle énergie dans cette ville. Au point de faire oublier cette lourdeur, au point de ne pas donner envie d’aller dormir malgré la fatigue. L’impression d’être un boxeur sonné de coups. C’est pour fuir un peu cette agitation que je me suis rendu hier sur l’île de Lantau, deux fois plus grande que celle de Hong-Kong mais au moins 100 fois moins peuplée. Un havre de paix, fait de végétation luxuriante, de chemin de terre, de petits ports de pêche et de monastères éparpillés par ci par la. Enorme contraste avec la ville, qui n’est pourtant qu’a une demi heure de ferry. Enorme contraste aussi question transport. Alors qu’a HK, un bus, un bateau, un escalator, un tramway ou un métro vous emmène n’importe où, ici, il faut attendre un bus parfois une heure pour vous emmener sur l’un ou l’autre des sites, assez éloignés les uns des autres. A un moment, j’avais du mal à imaginer être dans l’un des endroits les plus moderne de la terre. Chaque bus emprunte des petites routes a flanc de montagne, ou l’on ne passe pas si loin du ravin qui borde le chemin. Le brouillard, présent la encore, n’est pas fait pour améliorer le sentiment de sécurité.


Première étape : un énorme bouddha, assis sur une fleur de Lotus. La statue fait quelques 30 m de haut et est, parait il, le plus grand bouddha assis du monde. Pourtant, a l’arrivée, surprise : Pas de Bouddha géant. Peu de chances, pourtant, de passer à côté d’un monument aussi massif. C’est alors que, dans la brume, apparaissent quelques marches, dont on ne voit évidemment pas le sommet... Commence alors une ascension au milieu des touristes, pèlerins et moines bouddhistes, ces derniers s’arrêtant a chaque marche pour prier. Comme il y en a 270, leur ascension a mis un peu plus de temps que la mienne. Tout ça prenait finalement une tournure assez surréaliste : des moines en train de prier, des marches menant à des nuages (brouillard aidant) et la perspective d’une divinité géante a l’arrivée... Au bout de quelques minutes, elle se dévoile enfin au milieu de la brume cotonneuse qui l’entoure : on aperçoit d’abord un nombril, puis une main verticale faisant le geste bouddhiste traditionnel et, avec de la chance, un visage à l’allure impassible finit par apparaitre. Comme pour la statue de la liberté, on peut rentrer à l’intérieur mais cela n’offre guère d’intérêt. En sortant en revanche, j’assiste à un authentique miracle : un rayon de soleil finit par percer la couche laiteuse pour se porter sur la statue, qui se révèle enfin dans son intégralité. C’est vrai qu’elle impressionne. Le temps de reprendre mes esprits et hop, une photo pour immortaliser l’apparition céleste. Il était bien temps de redescendre pour visiter le monastère voisin, ayant eu la certitude, pendant quelques secondes qu’un dieu existait bien la haut, ne serait-ce que celui des photographes amateurs.


Pour me remettre de toutes ces émotions, j’avale un repas végétarien au monastère, en me méfiant néanmoins des légumes, ayant senti le matin même quelques alertes digestives (Merci Pat pour ta trousse de médicaments finalement bien utile...). Je me suis donc contente de riz, de Tofu, de quelques champignons et carottes, le tout assez délicieux. Ensuite, nouveau bus, assez poussif, pour se rendre à Tai Ho, un village de pêcheur dont les habitants descendent, parait-il, des premiers habitants de HK. Un vrai choc, cet endroit : des dizaines de maisons sur pilotis, en bois ou en tôle, entassées pêle-mêle, comme si on était la sur le départ. On se demande même comment elles tiennent debout. Au milieu de la crique, quelques bateaux de pêche ou des pêcheurs au filet.
Et au milieu de tout ça, des gens plutôt pauvres, qui semblent vivre ici depuis la nuit des temps. En circulant dans le dédale de petites rues étroites, dont certaines mènent a la mer, des vieux restent impassibles toute la journée, semblant ne plus se soucier du temps qui passe. A l’intérieur des habitations (toutes les portes sont évidemment ouvertes), des hommes jouent au Mah Jong comme si leur vie en dépendait, en faisant claquer les pions de façon bruyante sur la table, des étals de poisson séchés semblent attendre d’improbables clients et le soleil (enfin revenu) allie au chant des cigales donnent à tout cela un parfum méditerranéen en pleine mer de Chine. Un lieu vraiment à part, pourtant ouvert au tourisme, mais qui ne semble pas avoir bougé d’un poil depuis des décennies. Même l’aéroport ultra moderne de HK, que l’on aperçoit au loin, ne semble pas avoir perturbé cette population qu'on sent prête a déménager dans un nouvel endroit, quand les immeubles HLM qu’on découvre un peu plus loin prendront possession des lieux. Tai Ho, un confetti de moyen âge, au pied de l’une des plus grande métropole du monde...
Le soir, retour en bateau et nouvelle pause contemplative devant la baie illuminé de HK, me demandant si j avais bien vécu cette petite plongée hors du temps... surtout ici.


Aujourd’hui, j’attaque les marchés traditionnels de Kowloon, tout proches de mon hôtel.

Merci a tous pour vos messages.

Bon courage a tous


Lionel